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          La Société des amis de Gérald Hervé, issue de la 
          modification de l’association Mémoire et Justice fondée en octobre 
          1999, a vu le jour en janvier 2003. Selon ses statuts, «cette 
          association a pour but de sauvegarder et promouvoir l’héritage 
          littéraire et philosophique de Gérald Hervé, de divulguer sa pensée, 
          d’aider à rassembler et mieux connaître tout ce qui se rapporte à ses 
          livres et à sa vie, de poursuivre son engagement en faveur des droits 
          civiques.»  
          
          
          La ligne d’ombre 
          est la première revue entièrement 
          consacrée à cet héritage. Elle se substitue au simple bulletin de 
          liaison  divulgué parmi les membres associés.  
          
          
          L’œuvre de Gérald Hervé est inattendue et inentendue. Un grand pas a 
          été franchi grâce à Michel Bourdain, éditeur français installé en 
          Belgique, et la maison Talus d’approche :
          la publication en six volumes des principaux 
          inédits de Gérald Hervé. C’est l’étape suivante que La ligne 
          d’ombre entreprend. L’œuvre existe, maintenant il faut qu’elle 
          vive.  
          
          La 
          reprise du titre du roman de Joseph Conrad publié en 1917 peut se 
          justifier par ce que John Batchelor, un de ses biographes, en a dit : 
          «La préparation de l’avenir est le sujet de The Shadow Line». 
          Mais aussi par l’importance de cet écrivain de la mer et du voyage, 
          parmi les autres dont l’œuvre de Gérald Hervé porte l’empreinte : 
          Pierre Loti, Herman Melville, Claude Farrère.  
          
          
          Gérald Hervé était très sensible au caractère rembranesque de 
          l’univers conradien. Mais aussi il est l’auteur des Hérésies 
          imaginaires (1989), ce roman «lunaire», et de l’essai 
          philosophique La Nuit des Olympica (1999). Le clair-obscur, 
          telle est l’une des clefs de son œuvre. La ligne d’ombre 
          avancera donc à tâtons parmi le foisonnement de l’œuvre. Car ce qui 
          vaut pour son univers romanesque, il faut aussi en tenir compte 
          lorsqu’on pénètre dans sa pensée qui, comme celui-ci, s’attelle à 
          l’impensable et aux vérités intolérables. Poétique ou polémique, le 
          style de Gérald Hervé n’est jamais une arme de feu pourfendant les 
          ténèbres (du mal ou de l’ignorance) mais le verbe d’un être brisé, 
          nostalgique d’une totalité, au sens de son Orphée interdit, 
          d’avant la faute et la punition, ce que l’on peut appeler l’enfance, 
          ou la Grèce, laquelle «se méfie d’une clarté trop aveuglante, d’un 
          soleil trop absolu». Mais qu’on ne s’y trompe pas : le clair-obscur 
          n’est pas lieu de l’ambiguïté ni de la dérobade. 
          
          
          Nous ne nous cachons pas l’ampleur de la tâche en ce qui concerne tant 
          l’héritage lui-même qu’il s’agit d’apprécier et de faire connaître que 
          le temps qu’il faudra avant de parvenir à quelque résultat. La 
          ligne d’ombre commencera d’être payée de ses efforts le jour où 
          elle accueillera de nouveaux noms, où se joindront à elle d’autres 
          itinérants des lettres et de la pensée, où l’emporteront la diversité 
          des points de vue, la nouveauté des approches et des analyses. 
         
         
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